La REBT

La Thérapie Comportementale Émotive Rationnelle (REBT)

La Thérapie Comportementale Émotive Rationnelle - REBT, développée par Albert Ellis ainsi que la Thérapie Cognitive, rendue populaire par Aaron Beck sont deux versions très populaires de la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), bien qu'il en existe également de nombreuses autres versions en TCC.


La Thérapie Comportementale Emotive Rationnelle – REBT est l’une des nombreuses formes de thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Elle est née de plusieurs traditions disparates au sein de la psychothérapie.


L’importance du behaviorisme radical n’a pas fait l’unanimité chez les psychologues scientifiques. L’évolution s’est faite avec la prise en compte des processus cognitifs « internes ». Dans les années 60, certains psychologues se centrent sur la « médiation cognitive » qui se produit entre les stimuli externes et les réactions manifestes. Cela permet la réhabilitation de la personne comme sujet actif, auteur de ses conduites, là où le behaviorisme radical suggérait plutôt une conception de l’homme comme un être passif, modelé de l’exterieur, peu ou guère responsable de sa propre existence.


Albert Ellis a formulé le modèle ABC à partir de 1955 :

A

l'Événement

B

la Croyance

C

Les Conséquences émotionnelles

et comportementales

D'après ce modèle, les gens se perturbent en grande partie eux-mêmes par leur propre philosophie des choses. La plupart des êtres humains désirent poursuivre leur vie de manière relativement heureuse et sans souffrance. Lorsque surviennent les adversités (A), que les désirs se trouvent déjoués et les frustrations majorées, il subsiste une possibilité de choix dans la manière d'amener les conséquences (C) :

  • celles qui sont adéquates tout en étant négatives, telles la tristesse, le regret, la contrariété
  • celles qui sont destructrices, inadéquates telles l'anxiété majeure, la dépression, la colère explosive, l'apitoiement

 

Il existe en même temps un choix possible de réactions entre :

  • des comportements qui visent à mieux vivre ou à éliminer l'adversité,
  • des comportements négatifs qui aggravent l'adversité, réactions impulsives, activités compulsives, évitement et déni

 

Si ce choix existe comme le soutient la REBT, de réagir de manière appropriée ou inadéquate aux adversités rencontrées, cela tient essentiellement de leur philosophie en B, leur système de croyances et de valeurs. Si les croyances sont de nature aidantes, c'est à dire des croyances rationnelles, elles produiront le plus souvent des conséquences adéquates. Si par contre, ce sont des croyances nuisibles, c'est-à-dire des croyances irrationnelles, elles produiront le plus souvent des conséquences destructrices.

 

La REBT propose l'équation suivante : A (Adversité) x B (Croyances) = C (Conséquences).

 

Le modèle d'Ellis propose de poursuivre le processus thérapeutique avec le D et le E :

Le D

Pour « Disputing », c'est à dire la remise en question des croyances irrationnelles au travers d'arguments empiriques, logiques et heuristiques solides.

Le E

Pour « Effective New Philosophy », il s'agit de nouvelles croyances rationnelles permettant une autre philosophie devant l'adversité. Cette philosophie est constituée d'auto-déclarations rationnelles qui remplacent efficacement les anciennes pensées irrationnelles. E veut également dire des émotions et des comportements réellement plus efficaces.

Avec le modèle ABCDE, il s'agit pour le thérapeute de faire émerger ces croyances irrationnelles et de permettre au patient d'en prendre conscience. Le thérapeute enseigne au patient comment repérer lui-même ses propres exigences irrationnelles, comment les contester et les remplacer par des croyances saines, des désirs et des préférences. Le patient aura alors tendance à développer une philosophie, des émotions et des comportements adaptés.

La REBT a toujours mis l'accent sur les méthodes émotivo-expériencielles pour contrer les exigences dogmatiques des patients et ses méthodes comportementales tendent à être plus confrontantes que celles des TCC qui utilisent le plus souvent l'exposition in vivo avec renforcements.

La REBT enseigne l'acceptation inconditionnelle de soi malgré la faillibilité inhérente aux êtres humains. Elle enseigne aussi l'acceptation inconditionnelle des autres montrant comment il est possible d'accepter les autres sans nécessairement accepter leurs actes. Elle enseigne une tolérance forte aux frustrations et le type d'acceptation préconisée par Reinhold Niebuhr : « Le courage de changer de l'adversité ce qui peut être changé, la sérénité d'accepter sans pour autant aimer ce qui ne peut être changé, et la sagesse de pouvoir reconnaître la différence. »

La REBT insiste particulièrement sur la primauté de la cognition (consciente et inconsciente) dans la détermination des affects et des comportements qui en découlent.

L’idée sous-jacente est que ce ne sont pas les évènements qui troublent les individus, mais l'idée qu'ils s'en font. Les êtres humains n’ont qu’un faible contrôle sur les aléas de l’existence, donc ce qui importe véritablement est la manière dont ils les interprètent.

« ce ne sont pas les évènements qui entraînent des conséquences indésirables tant au plan émotionnel qui comportemental, mais bien la perception qu’on en a et la signification qu’on leur attribue »

Il existe plusieurs niveaux de cognition. C’est un ensemble de processus et mécanismes qui soutiennent l’acquisition des savoirs sur le monde, ainsi que les produits de ces processus, c’est-à-dire les pensées. Le trouble émotionnel provient de l’interprétation par l’individu des évènements. Ce paradigme propose effectivement que la souffrance naît d’une certaine vision de soi, des autres et du monde sous forme de croyances irrationnelles. Elles font référence au décalage qu’il existerait entre la vision des choses et la réalité.

 

Ellis proposait à l'origine treize croyances irrationnelles différentes (Ellis, 1962; Ellis et Harper, 1975) comme indépendantes des constructions d'autres théories cognitives; les treize croyances irrationnelles différentes n'étaient dans aucun ordre structurel ou catégorique. Certaines d'entre elles étaient des erreurs factuelles, tandis que d'autres étaient des demandes, des déclarations catastrophiques, des condamnations de soi et des autres, ou des reflets d'intolérance à la frustration. Plus tard, plusieurs auteurs (Bernard et DiGiuseppe, 1989; Burgess, 1990; Campbell, 1985; Ellis, 1994; Ellis et Dryden, 1997) ont consolidé les treize croyances irrationnelles originales en 4 types de croyances irrationnelles :


Les exigences

La perturbation des émotions vient de ces croyances impératives qui commandent au monde d’être d’une certaine manière. La REBT postule qu’aucun désir n’est pathologique et ne cause aucune perturbation. C’est quand les gens exigent que leurs désirs soient la réalité qu’ils deviennent perturbés. Albert Ellis (1994) a identifié les exigences au travers des mots comme « should », « ought », « must » and « have to » = la musturbation

 

La catastrophisation

Les croyances catastrophistes sont caractérisées par des évaluations et des pensées sur soi-même, les autres et le monde, exagérément négatives. Ces évaluations sont traduites par l’utilisation de mots comme « horrible », « terrible », « affreux ». Cette façon de penser implique des prédictions hyper-négatives sans fondement dans la réalité. Mark Twain disait « j’ai souffert dans ma vie de multiples catastrophes. La plupart d’entre elles ne se sont jamais produites. » (Twain 1971/1972).

 

L’intolérance à la frustration

Albert Ellis est reconnu aujourd’hui pour sa contribution théorique à la psychologie et au concept clinique de tolérance à la frustration. Ellis proposait que les hommes avaient des croyances concernant le niveau de frustration et d’inconfort qu’ils pouvaient et voulaient tolérer. « C’est insupportable » « je ne peux pas le supporter ».

 

L’évaluation globale de la valeur humaine

Ces croyances en l’inutilité humaine ne peuvent pas être vraies car personne ne peut etre évalué comme une bonne ou une mauvaise personne, car il est impossible d’être totalement bon ou mauvais tellement l’être humain est complexe (Ellis, 1994 ; 2005c). « je suis un.e raté.e » « les gens sont stupides ».

« Je ne dois pas faire d’erreur sinon on me licenciera certainement et cela serait affreux » = Impératif catégorique: c’est une véritable obession de la perfection. Dramatisation: j’accentue considérablement les souffrances d’une perte éventuelle de mon emploi.

Une croyance irrationnelle est :

  • Absolue, dichotomique, rigide et inflexible
  • Illogique
  • Non conforme à la réalité
  • Freine l’atteinte d’un objectif
  • Mène à des émotions dysfonctionnelles, malsaines et inadaptées

 

Tout d’abord, il faut évaluer les avantages et les désavantages de maintenir les modes de comportements actuels. Notre objectif est de déconditionner sa pensée car les gens s’endoctrinent avec leurs croyances. Le but n’est pas de confronter le patient à son « erreur », mais par un jeu subtil et progressif de questions et de réponses de lui faire prendre conscience du caractère dysfonctionnel, illogique et déficitaire des croyances cachées qui régissent son comportement.


3 façons de confronter :

  • Logique : ma croyance est-elle logique?
  • Empirique : ma croyance colle-t-elle à la réalité? 
  • Pragmatique : quelle est son utilité? Qu’est-ce que ces pensées m’apportent? Quels bénéfices j’en tire?

Objectif :

L’objectif du thérapeute en REBT est de promouvoir et d'accompagner le patient à définir une pensée rationnelle, en aidant le patient à reformuler ses croyances dysfonctionnelles en croyances plus sensées, réalistes, flexibles et utiles. La thérapie s’inscrit alors dans une position paradoxale : amener la personne à s'accepter telle qu'elle est en ce moment, avec ses croyances et ses affects, tout en l'aidant à les changer.

Même si un tel changement n’est pas facile, il est possible. Il se fait par des efforts actifs et persistants pour reconnaître, remettre en question et réviser sa pensée. Il s’agit aussi de se comporter contre la croyance irrationnelle, réduisant ainsi la détresse émotionnelle au profit d’expériences positives, en lien avec la réalisation de ses objectifs personnels.

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