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Être ghosté : faire face au rejet silencieux
Mathilde Lalubin, psychologue et psychothérapeute REBT
Décembre 2025
Aude (31 ans) : « On s’envoyait des SMS tous les jours, du matin au soir, et on a décidé après une semaine de se donner rendez-vous. Le rendez-vous s'est très bien passé, on a beaucoup ri. Il m'a raccompagnée chez moi et on s’est même embrassés dans la voiture parce que c'était tellement agréable. Après le rendez-vous, il m'a envoyé un SMS pour me dire qu'il avait beaucoup apprécié et je lui ai répondu que c'était réciproque. Le lendemain, je n'ai pas reçu le message « bonjour » habituel, et il ne m'a pas non plus envoyé de SMS pendant la journée. Pourtant, j'ai remarqué sur une autre application qu'il était en ligne ce jour-là. Le soir, je lui ai envoyé un SMS qu'il a lu immédiatement, mais auquel il n'a pas répondu. Deux jours plus tard, je lui ai demandé si quelque chose n'allait pas, si j'avais fait quelque chose de mal, mais il n'a pas répondu non plus. Cela a été très difficile. J’ai fini par lui envoyer un dernier message pour lui dire qu'il pouvait simplement me dire ce qui n'allait pas et que ce serait fini. Mais rien. »
Le ghosting, qui consiste à cesser unilatéralement toute communication sans fournir d'explication, est devenu une forme courante et déroutante de rupture relationnelle. Ce phénomène est de plus en plus fréquent dans la population générale, comme en témoigne un échantillon de 554 participants américains (âge moyen de 33,86 ans, écart-type = 10,62 ; répartition équilibrée entre les sexes), où 25,3 % ont déclaré avoir été victimes de ghosting et 21,7 % avoir pratiqué le ghosting (Freedman et al., 2019).
L'une des premières définitions du ghosting est apparue dans l'Urban Dictionary en 2016 avant que des études et analyses en donnent une définition qui est devenue la définition de référence : « le ghosting est une forme d'ostracisme principalement mise en œuvre par le biais des technologies numériques, qui consiste en une cessation unilatérale, soudaine ou progressive, de toute communication sans explication, afin de mettre définitivement fin à une relation significative. » (Janneke et al., 2025).
Pour comprendre ce phénomène, nous pouvons utiliser des cadres théoriques tels que les modèles de rupture relationnelle et d'exclusion sociale même s’ils ne permettent pas d'en avoir une compréhension exhaustive aussi, pour en affiner la compréhension, il est possible d’en délimiter les spécificités et les limites à travers trois autres piliers clés : la nature des liens sociaux et les types de relations dans lesquels le ghosting se produit, le rôle de la technologie et les éléments temporels du ghosting.
Nous verrons ensuite ce phénomène du point de vue du ghosteur puis du ghosté ainsi que les stratégies à mettre en œuvre pour le limiter ou en limiter l’impact.
Cadres théoriques pour conceptualiser le ghosting
Le modèle de dissolution des relations
Le modèle de dissolution des relations de Baxter décrit les étapes de la rupture. Plusieurs stratégies de désengagement sont proposées, chacune caractérisée par deux dimensions fondamentales : l'orientation (orientée vers soi ou vers l'autre) et le degré de franchise (directe ou indirecte). Dans ce modèle, la notion d'orientation décrit dans quelle mesure l'initiateur de la rupture se préoccupe de protéger son partenaire ou de privilégier ses propres besoins. La franchise, quant à elle, désigne la communication claire et ouverte du partenaire à l'origine de la rupture quant à son souhait de mettre fin à la relation, ou son expression implicite, ambigüe et floue.
En ce qui concerne le ghosting, plusieurs chercheurs ont soutenu qu'il est représenté dans le modèle de dissolution relationnelle comme une stratégie de désengagement indirecte et auto-orientée et correspond à une stratégie d’évitement/retrait.
Le cadre d'exclusion sociale
Une perspective différente qui aide à clarifier le ghosting et ses conséquences est l'étude de l'exclusion sociale, l'expérience « d'être tenu à l'écart des autres physiquement ou émotionnellement » (Riva & Eck, 2016). L'exclusion sociale englobe deux expériences essentielles : l'ostracisme, l'ignorance et l'exclusion d'individus ou de groupes par des individus ou des groupes, et le rejet, la déclaration explicite qu'un individu ou un groupe n'est pas désiré. Différents chercheurs ont souligné que le ghosting peut être conceptualisé comme une forme d'ostracisme où le rejet serait implicite et incertain puisque les ghosteurs manifestent ce comportement en cessant toute interaction avec leurs interlocuteurs et ignorant toutes leurs tentatives de communication, ce qui s'apparente à un comportement d'ostracisme largement répandu appelé « traitement silencieux » (Williams et al., 1998). En revanche, l'ostracisme peut se manifester sous forme interpersonnelle, intragroupe ou intergroupe alors que le ghosting apparaît systématiquement au sein d'une relation dyadique.
Dans le monde professionnel, les candidats rejetés déclarent qu'ils préfèrent recevoir des refus explicites et directs plutôt que des communications ambiguës ou inexistantes (Waung 2000). Ils apprécient davantage une lettre indiquant clairement qu'ils n'ont pas obtenu le poste plutôt que de ne recevoir aucune lettre. Bien que les rejets professionnels et les rejets sociaux diffèrent à plusieurs égards (par exemple, la dynamique du pouvoir, le degré de choix et d'autonomie de la source), ils partagent des caractéristiques qui peuvent rendre certains conseils d'un domaine pertinents pour l'autre.
Un examen secondaire se concentre sur les antécédents de ces comportements, en particulier leurs fonctions. Comme décrit par Hales et al. (2014), l'ostracisme remplit trois fonctions principales. La première est de protéger les individus des menaces perçues, en particulier celles provenant d'autrui pesant ou violant les normes. Deuxièmement, l'ostracisme peut fonctionner comme un outil d'influence sociale pour corriger un mauvais comportement. Enfin, l'ostracisme peut être utilisé pour expulser définitivement quelqu'un du groupe ou se distancier d'un individu indésirable (exclusion permanente). Le ghosting entre dans ce cadre d’exclusion permanente et définitive.
Le chevauchement entre le ghosting et l'ostracisme (Freedman et al. 2019) fait que ces deux phénomènes ont des conséquences similaires sur le bien-être des individus, ils provoquent une douleur émotionnelle similaire et des besoins psychologiques non satisfaits. En revanche, le ghosting présente des spécificités qui ne correspondent pas à l’ostracisme. Ces spécificités sont présentées comme les 3 piliers pour conceptualiser le ghosting.
Les 3 piliers
Le rôle des liens sociaux et de la communication
Il est nécessaire de faire la distinction entre les liens sociaux et les relations sociales. Les liens sociaux peuvent être faibles ou forts. Quand aux relations sociales, « elles se réfèrent uniquement aux liens avec des personnes dont nous nous sentons proches » (Janneke et al., 2025). Aussi, pour qu'une dissolution relationnelle comme le ghosting se produise, il doit exister une relation sociale entre les deux protagonistes, une relation interpersonnelle, c’est-à-dire un lien préexistant perçu comme significatif.
Outre la signification personnelle, un deuxième élément crucial pour contextualiser le ghosting est l’existence d’une communication bidirectionnelle antérieure. En effet, être ignoré par un collègue avec lequel on n'entretenait pas de lien personnel ni de communication bidirectionnelle antérieure n'est ni intentionnel ni perçu comme du ghosting, car il ne vise pas à rompre une relation (cela rentre dans le cadre de l’ostracisme).
En résumé, l’existence d’une communication antérieure et d’une signification personnelle dans la relation sociale sont des éléments nécessaires (mais insuffisants) pour décrire une dissolution comme un ghosting.
Le rôle de la technologie
La disparition et la rupture unilatérale de la communication ont toujours existé dans l'histoire, où l’un des partenaires pouvait arrêter de répondre à des courriers et ainsi disparaître. Cependant, les technologies numériques ont indéniablement modifié l'expérience de la disparition et de l'interruption de toute communication. Premièrement, elles ont raccourci le délai de manifestation et de détection de la disparition. Le délai moyen entre la communication et la réception d'une réponse est bien plus court lorsque la communication se fait par SMS que par lettre, créant l'illusion d'une accessibilité et d'une disponibilité constantes. Si les plateformes de communication numérique facilitent indéniablement et rapidement la connexion (et la déconnexion), l’aspect numérique favorise la banalisation du ghosting qui devient une pratique « normale ». « La logique du « swipe » des applications de rencontre peut créer une plus grande distance émotionnelle envers les autres utilisateurs et un moindre investissement dans les relations amoureuses » (Krüger & Spilde, 2020). De même qu’avec l’utilisation croissante des plateformes de réseaux sociaux professionnels telles que LinkedIn, les candidats remarquent les succès de leurs pairs et peuvent ressentir le besoin compulsif de continuer à rechercher la « prochaine grande opportunité » plutôt que de se concentrer sur ce qu'ils ont déjà (Wilding, 2016).
Un autre élément lié à l’aspect numérique est que le ghosting est plus susceptible d'être utilisé en l'absence de forte convergence sociale et environnementale entre deux personnes (Baxter, 1982), car les gens qui se rencontrent en ligne ne se rencontreraient pas dans la vie et sont susceptibles de ne pas se recroiser.
Par conséquent, la conceptualisation du ghosting souligne que le ghosting, en tant que pratique de dissolution des relations, se produit principalement par le biais des technologies numériques (et de leurs évolutions).
Les éléments temporels
Si de nombreux auteurs soulignent que la dissolution d'une relation par le biais du ghosting est souvent brutale, soudaine, passant de la présence à la disparition en un instant, certains affirment que le ghosting peut se manifester, avec un détachement qui s'opère graduellement au fil du temps. Mais le 3ème pilier pour définir le ghosting est que la dissolution de la relation est toujours définitive.
Pour autant, le ghosting reste une expérience subjective où les auteurs et les victimes du ghosting perçoivent, interprètent et donc vivent les choses différemment. Ce qu'une personne peut qualifier de ghosting peut être perçu par une autre comme un simple manque de communication ou une rupture compréhensible du contact. Cette subjectivité est particulièrement évidente dans le décalage de perception entre le ghosteur et le ghosté.
Du point de vue du Ghosteur
Souvent, les ghosteurs ne reconnaissent pas leurs actes comme constituant du ghosting, percevant leur interruption de communication comme inoffensive et justifiable (Timmermans et al., 2020). Ce constat est alimenté par la perception du ghosting comme une manière normative de mettre fin à une relation, notamment dans certains contextes comme les applications de rencontre ou de recrutement, où le ghosting semble particulièrement répandu (Powell et al., 2022). En ce qui concerne la prédiction du ghosting, la littérature démontre clairement que les fonctionnalités des applications de rencontre mobiles peuvent susciter ce type de comportement. La multitude de profils disponibles, personnels sur les applis de rencontre et professionnels sur les applis de recrutement, permet de s’autoriser ces comportements. Cette banalisation du ghosting permet de couper brusquement tout contact sans se sentir coupable. Pourtant, les études sur les motivations des personnes qui pratiquent le ghosting soulignent également une perspective nuancée sur ce comportement, étant donné qu'il n'est pas nécessairement motivé par une intention nuisible ou consciente. En effet, le ghosting peut se produire involontairement, parce que le ghosteur a supprimé l'application de rencontre et, par conséquent, toutes les conversations ou parce qu'il n'a plus pu accéder à son profil. Tinder, par exemple, indique sur sa page FAQ que les utilisateurs ne peuvent pas supprimer des messages individuels, mais qu'ils peuvent supprimer des conversations entières en supprimant le match avec une personne (Tinder, 2019). Cela signifie que lorsque les utilisateurs d'applications de rencontre expriment verbalement leur souhait de mettre fin à la relation, ce message peut ne pas parvenir au destinataire si l'initiateur supprime le match avant que cette personne ait eu la possibilité de lire le message et se retrouve ainsi avec une ancienne conversation ou rendez-vous qui a soudainement disparu.
Motivations du ghosteur
Il est intéressant de comprendre les motivations du point de vue du ghosteur.
Dans le champ personnel, l’analyse de Timmermans et al. (2020) a fait ressortir cinq thèmes dans les motivations exprimées par les ghosters :
- L'autre personne (la victime du ghosting). Au total, 67% des répondants de cette étude (n=95) ont indiqué avoir pratiqué le ghosting à cause de l'autre personne pour différents motifs (par ordre de fréquence) :
a. La personnalité de la victime du ghosting qui était généralement décrit comme ennuyeux, quelqu'un qui tombe facilement amoureux ou quelqu'un qui a des « problèmes » tels que la peur de s'engager.
b. Les actions et les comportements indésirables de la personne ghostée qui s’était montrée insistante, irrespectueuse, raciste, dissimulant des informations importantes ou envoyant des contenus sexuels non sollicités.
c. La divergence de motivations avec la personne ghostée dans l’utilisation de l’application de rencontres.
d. Les expériences de rendez-vous vécues de manière désagréable, décevante ou ne répondant pas aux attentes du ghosteur.
e. L'apparence de la personne jugée peu attrayante. - Soi-même. Pour 44% des répondants (n=62), la raison pour laquelle ils ont ghosté un autre utilisateur d'une application de rencontre était liée à eux-mêmes. Ce thème comprenait trois sous-thèmes :
a. Les ghosteurs voulaient se protéger. Soit parce qu’ils avaient peur de confronter l'autre personne au rejet et voulaient se protéger de ses réactions car ils craignaient des comportements verbalement abusifs, voire du harcèlement. Soit parce qu'ils ne se sentaient pas prêt émotionnellement à commencer une relation amoureuse ou qu'ils avaient peur de ne pas pouvoir répondre aux attentes de l'autre personne. Soit parce que le ghosting leur procurait un certain sentiment de contrôle, car ils avaient peur que l'autre personne veuille les manipuler pour les ramener dans la relation (amoureuse).
b. Le deuxième sous-thème était lié à l'intérêt pour d'autres personnes, les personnes pratiquant le ghosting mentionnant qu'elles discutaient ou sortaient avec d'autres personnes et avaient oublié la personne ghostée.
c. Enfin, certains participants ont également mentionné qu'ils étaient trop occupés pour continuer à discuter avec la personne ghostée ou pensaient que c'était une perte de temps. - Les avantages de l'application. Au total, 29% des répondants (n=41) ont mentionné les avantages de l'application pour expliquer pourquoi ils avaient ghosté d'autres personnes. Ces avantages sont : la facilité avec laquelle on peut ghoster l’autre et l'anonymat qui protège puisqu’il n’y a pas de réseau social commun. Un autre avantage de l’application de rencontre est la surabondance de partenaires potentiels et l'accès à un vaste bassin de célibataires qui amène à ghoster les personnes qui intéressent moins.
- L’absence d’obligation de communiquer. 22% de ces personnes (n=31) ont déclaré ne rien devoir à l'autre personne et que le ghosting faisait partie de l'utilisation des applications de rencontre mobiles.
- La préoccupation pour l'autre. Il n'est pas facile de rejeter directement quelqu'un, et certains ghosteurs (16% ; n = 23) ne voulaient pas blesser l'autre personne en la rejetant verbalement.
Les ghosteurs invoquent donc généralement le manque d'intérêt ou d'attirance et les comportements défavorables du ghosté ou encore la commodité comme motivations de leur décision de ghoster mais ils évitent de communiquer directement et explicitement ses intentions, préférant une sortie implicite et indirecte dans laquelle le ghosté n'est pas impliqué. Ces motivations répondent en effet à différents besoins du ghosteur.
Les besoins du ghosteur
Le besoin de protection correspond au fait de vouloir protéger les sentiments des personnes ghostées. C’est le souci de ne pas blesser.
Le besoin défensif correspond au fait de vouloir se protéger du jugement des autres, de défendre sa réputation. Pourtant, les rejets sociaux explicites, notamment professionnels, nuisent moins à la réputation que les autres formes d'exclusion sociale, car les personnes concernées apprécient une réponse directe. Si une personne prend le temps de postuler à un emploi ou de demander un rendez-vous, ne pas répondre à la demande constitue une violation de la norme de réciprocité (Cialdini et Goldstein, 2004). Ces normes sociales consistent à prêter attention à une personne, à la reconnaître et à lui répondre et lorsque les personnes les enfreignent, leur réputation est compromise. Aussi les personnes et surtout les entreprises qui ne respectent pas la norme de réciprocité font du ghosting un choix dangereux pour conserver une bonne réputation.
Enfin, le besoin d’aisance émotionnelle est le fait que les ghosteurs cherchent à rester confortables émotionnellement là où perpétrer l'exclusion sociale est coûteux et demande un effort émotionnel. Ainsi, les ghosteurs cherchent à exclure d'une manière qui ne nécessite pas d'effort émotionnel trop important et ghoster quelqu’un est moins coûteux que de se confronter pour donner la raison explicite du rejet.
Caractéristiques individuelles du ghosteur
Plusieurs caractéristiques individuelles ont pu être présenties pour prédire le comportement de ghosting. Le narcissisme avec une image exagérée de soi, le machiavélisme avec la manipulation et le cynisme et la psychopathie qui se caractérise par une gestion habile de l'impression donnée, combinée à un manque d'intérêt pour les autres, à une absence de culpabilité pour les actions blessantes, à la non-conformité et un mépris insensible pour les sentiments (Hare & Neumann, 2009 ; Lilienfeld &Widows, 2005). Dans plusieurs études (Lyons et al, 2024 ; Koessler, 2018) sur le ghosting le trait psychopathe et machiavélique sont corrélés au comportement de ghosting. Les ghosteurs adoptent un comportement antisocial en rejetant les normes sociales et n’en ressentent aucun remords.
Dans le domaine professionnel, une des caractéristiques du ghosteur est de souffrir de FoMO que Przybylski et al. (2013) définissent comme « l'appréhension omniprésente que les autres puissent vivre des expériences plus enrichissantes » face à de nouvelles opportunités qui peuvent également créer des conditions très exigeantes et difficiles à gérer qui incitent au ghosting. En ce qui concerne le ghosting des candidats, il a également été démontré que le FoMO permettait de prédire le « zapping social », qui se produit lorsqu'une personne annule un rendez-vous à la dernière minute parce qu'elle a trouvé une meilleure alternative (Müller et al., 2021).
Pour finir, le style d’attachement évitant est un prédicteur du comportement de ghosting (Powell et al., 2021).
Ces résultats sont cohérents avec ce que LeFebvre et al. (2019) ont conceptualisé à propos du ghosting comme une stratégie indirecte et égocentrique (c'est-à-dire que la personne qui pratique le ghosting se soucie surtout d’elle-même, de se protéger) pour se désengager d'une relation non désirée.
Cette compréhension des mécanismes pourrait permettre de faire face au ghosting en rationalisant l’expérience du ghosting avec ces éléments et ainsi en limiter l'impact.
Du point de vue des personnes ghostées
Les rejets amoureux sont douloureux, mais fréquents sur les sites de rencontre et le ghosting est le type de rejet le plus fréquent, même après un nombre considérable de messages échangés avant le rejet. On peut observer le même phénomène dans le processus de recrutement, ce qui n’est pas moins douloureux et laisse le candidat dans le même processus douloureux. Plusieurs études IRM montrent que le rejet amoureux dans les relations à long terme active le réseau de la douleur (Cooper et al., 2010 ; Fisher et al., 2010). Plus récemment, des chercheurs ont découvert que même aux premiers stades de la relation, tels que le processus de sélection du partenaire, le rejet amoureux déclenche un ralentissement cardiaque.
Conformément aux recherches sur les difficultés liées à la prise de conscience, Koessler (2018) a observé que le ghosting pouvait avoir des effets plus néfastes sur le développement personnel des victimes après une rupture que les techniques de rupture directe avec un rejet motivé.
Effets du ghosting sur le ghosté
Des études qualitatives (Pancani et al., 2021) et quantitatives (Leckfor et al., 2023) ont révélé que le ghosting suscite chez les ghostés une réaction de douleur caractérisée par des émotions négatives. Lorsqu'on analyse les réactions émotionnelles des personnes interrogées dans ces études face au ghosting, la majorité d'entre elles déclarent se sentir tristes ou blessées après avoir vécu cette expérience. D'autres émotions fréquemment mentionnées sont la colère et la déception ou la désillusion. Une autre émotion importante ressentie par les personnes ghostées est la culpabilité. Certaines personnes qui ne réalisent pas immédiatement qu'elles ont été victimes de ghosting, peuvent s’inquiéter, pensant qu'il est arrivé quelque chose de grave à la personne qui les a ghostés.
Même si un nombre important de ghostés déclarent qu'ils n’ont eu que peu ou pas de réaction émotionnelle à l'expérience de ghosting, le fait d'avoir été victime de ghosting peut avoir des effets néfastes sur le bien-être.
Les déclencheurs des émotions négatives
Le silence :
Tout d’abord, le ghosting représente une expérience d'exclusion plus menaçante que le rejet car recevoir une attention négative (c'est-à-dire être rejeté) serait moins préjudiciable que de ne recevoir aucune attention (c'est-à-dire être ostracisé comme dans le cas du ghosting). De manière cohérente, des études sur le silence punitif ont montré que les victimes préfèrent généralement l'attention négative (c'est-à-dire être insultées et même être la cible de violences physiques) plutôt que d'être complètement ignorées (Zadro, 2004 ; Zadro et al., 2005). Comme l'ont observé Sommer et al. (2001), cette différence pourrait s'expliquer par la difficulté des victimes à attribuer l'ostracisme à une cause spécifique, qui est au contraire communiquée dans un épisode de rejet. Selon les auteurs, ne pas trouver les raisons de l'ostracisme cause une plus grande souffrance que d'attribuer l'événement d'exclusion à une cause spécifique. De même, le processus d'explication (c'est-à-dire l'identification des raisons sous-jacentes au comportement de la personne qui se désengage) est crucial dans la dissolution d'une relation, car il aide les individus à interpréter l'événement et à s'en remettre. Le manque de communication qui caractérise le ghosting rend ce processus extrêmement complexe, générant confusion et incertitude chez les victimes et les rend moins aptes à surmonter la rupture. Ainsi, les difficultés à justifier pourraient expliquer pourquoi les victimes de ghosting se sentaient plus exclues que celles qui avaient été rejetées. Ce qui, à son tour, pourrait accroître la détresse psychologique.
L’incertitude :
On retrouve un niveau exceptionnel d'incertitude et d'ambiguïté dans le ghosting, qui tend à générer une souffrance prolongée pour la personne ghostée.
Le ghosting est un rejet incertain car souvent, les ghostées ne sont pas conscients de ce qui se passe et doivent interpréter eux-mêmes les raisons de l'interruption de la communication. L'absence de discussion avec la personne qui se désengage laisse la victime sans justification pour la rupture, ce qui crée une aura d'ambiguité et d'incertitude qui peut amener les victimes à se sentir responsables de la séparation.
Les besoins des ghostés menacés :
Le ghosting vient ébranler les besoins de la personne ghostée. Selon Williams (2009), ces besoins sont :
- Le besoin d’appartenance : établir des liens stables et significatifs avec les autres. L'exclusion supprime le sentiment d'appartenance.
- Le besoin d’estime de soi : se juger et s’évaluer positivement. Les personnes ghostées peuvent être convaincues de ne pas être à la hauteur de la personne qui les avait ghostés ou des autres prétendants. Ils se décrivent comme n'étant pas assez intéressants, pas assez attirants ou trop ennuyeux. Certains vont se demander ce qu'ils ont fait de mal et se demander s'ils ont dit ou fait quelque chose qui n'a pas été apprécié par l'autre personne.
- Le besoin de contrôle : percevoir qu'on contrôle sa propre vie. Le sentiment de contrôle mérite une attention particulière, car c'est le besoin qui est le plus affecté par le ghosting, à savoir la disparition de la personne qui se désengage. En effet, l'absence de confrontation laisse les victimes à la merci totale de la décision de rupture de la personne qui se désengage, ce qui réduit considérablement la possibilité pour les victimes de percevoir qu'elles contrôlent la situation.
- Ignorer la personne concernée lui enlève sa capacité à réagir et, par conséquent, son sentiment de contrôle car elle n’est pas certaine que l'exclusion ait eu lieu et elle ne peut donc pas décider de la prochaine étape à suivre.
- Le besoin d’avoir une existence significative et digne : se sentir reconnu. L'exclusion sape le sentiment des victimes d'être vues et reconnues par les autres. Le rétablissement du sentiment d'une existence qui a du sens a été avancé comme explication à l'une des conséquences les plus néfastes de l'exclusion sociale : l'agressivité. Les victimes peuvent tenter de rétablir leur sentiment d’exister pour les autres en adoptant des comportements visant à attirer l'attention, dont certains peuvent être violents. Une théorie sous-jacente aux fusillades dans les écoles est que les tireurs étaient socialement exclus par leurs pairs et cherchaient à retrouver le sentiment que les autres étaient conscients de leur existence (Williams et Nida, 2011). En résumé, l'impact de l'exclusion sur l'existence significative est omniprésent, qu'elle se produise en personne ou de manière plus distante, et le désir de la restaurer peut être une raison pour laquelle les victimes réagissent par l'agressivité.
Parmi les besoins fondamentaux, l'appartenance et le contrôle ont été davantage menacés dans le cas du ghosting que dans celui du rejet explicite.
Caractéristiques individuelles du ghosté
Les individus évitants préfèrent garder leurs distances avec les autres et ne sont pas à l'aise avec la proximité émotionnelle (Hazan et Shaver, 1987). Par conséquent, en tant que cibles et sources du ghosting, ils peuvent en fait préférer l'ostracisme au rejet explicite : ils n'ont peut-être pas le même besoin de se sentir inclus que les personnes qui ne sont pas évitantes.
Les personnes ayant un style d'attachement anxieux sont plus susceptibles d'être victimes de ghosting.
De même, les personnes sensibles au rejet s'attendent à être rejetées et s'en inquiètent, et elles ont des réactions exagérées lorsqu'elles le sont. Par conséquent, il est possible que le degré de préjudice causé par l'ostracisme avec le ghosting varie en fonction du niveau de sensibilité au rejet des personnes concernées.
Il est intéressant de constater les similitudes dans les attributions faites par les ghosteurs et les ghostés : le plus grand nombre va d’abord blâmer l’autre, puis certains vont se blâmer puis se justifier ou blâmer les fonctionnalités de l'application.
La communication directe peut être considérée comme une prise de responsabilité qui réduit les interprétations négatives de l’évènement par les victimes de ghosting.
Stratégies pour éviter de ghoster et limiter les effets sur le ghosté
Éviter de ghoster pour soi et les autres
Pour éviter de ghoster, un des axes de développement est celui de l’amour compatissant et la compassion.
La compassion, un comportement prosocial utile dans le cadre d'une rupture amoureuse qui, lorsqu'elle est mise en pratique, permet de réduire les effets néfastes durables sur les partenaires.
L'amour compatissant a été défini comme « les sentiments, les cognitions et les comportements axés sur l'attention, la sollicitude, la tendresse et une orientation vers le soutien, l'aide et la compréhension de l'autre (ou des autres), en particulier lorsque l'autre (ou les autres) est (sont) perçu(s) comme souffrant ou dans le besoin » (Sprecher et Fehr, 2005). Il s'agit d'une émotion axée sur la promotion du bien-être et du bonheur de l'autre.
La compassion et l'amour compatissant sont susceptibles d'être des facteurs importants dans les ruptures relationnelles pour de nombreuses raisons. Plus précisément, le degré de compassion dans le processus de désengagement est susceptible de déterminer si la rupture aura des effets néfastes durables sur la personne ghostée ; et la probabilité que les ghosteurs choisissent des stratégies compatissantes pour mettre fin à une relation dépend probablement de leur degré d'amour compatissant pour la personne.
Le lien entre l'empathie ou l'amour compatissant d'une personne pour son partenaire et le choix des stratégies pour mettre fin à une relation présente des similitudes avec les recherches de Batson (2002) sur l'hypothèse de l'empathie-altruisme. Les recherches de Batson ont montré que les personnes qui font preuve d'empathie envers une personne dans le besoin ne fuient pas la situation s'il existe une possibilité d'aider et de soulager la détresse de l'autre. À l'inverse, les personnes moins empathiques se concentrent sur la réduction de leur propre détresse, ce qui peut inclure la fuite et l'évitement. Dans le même ordre d'idées, lorsqu'elle met fin à une relation, une personne peut choisir soit d'être égoïste et de s'enfuir rapidement, soit de prendre le temps d'être attentionnée envers un partenaire qui est susceptible d'être en détresse. Les personnes qui éprouvent un amour compatissant pour les autres sont susceptibles d'être plus orientées vers eux ou plus compatissantes dans la manière dont elles choisissent de mettre fin à une relation.
Pour éviter de ghoster, il est possible de développer une considération positive et proposer des alternatives.
Dans le domaine professionnel, marquer une considération positive consiste à communiquer au candidat que sa candidature a été appréciée (par exemple, nous avons été ravis de vous rencontrer lors de l'entretien). Proposer des alternatives aux candidats à un emploi consiste à ouvrir sur des possibilités d’interactions futures avec l’entreprise (par exemple, « nous vous proposons de conserver votre candidature dans nos dossiers »). Selon ce raisonnement, dans les rejets sociaux, les alternatives devraient communiquer des possibilités d'interactions futures avec le partenaire, et la considération positive devrait communiquer que le ghosteur apprécie la personne rejetée d'une manière ou d'une autre mais pour qu’elles soient efficaces en cas de rejet social, celles-ci doivent être faisables et sincères. Faisable signifie réalisable. Par exemple, proposer une amitié à quelqu’un qui est amoureux n’est pas réalisable. Sincère veut dire que le ghosteur pense ce qu’il dit. Par exemple, « tu es une personne gentille et généreuse » et à éviter les déclarations stéréotypées comme « tu es génial, mais... ».
Si les ghosteurs peuvent fournir des déclarations faisables et sincères concernant une alternative et une attitude positive, elles devraient alors être en mesure de répondre aux quatre besoins des cibles du ghosting. En outre, les ghosteurs devraient être en mesure de satisfaire leur besoin défensif, car l'attitude positive et les alternatives devraient contribuer à leur réputation et alléger le fardeau émotionnel.
Limiter les effets sur les personnes ghostées
Pour limiter les effets du ghosting, les stratégies inefficaces sont l'auto-accusation, suivie par les stratégies de réduction de l'incertitude (actives comme demander des explications ou passives comme rechercher des informations sur le profil de l’autre) et l'inaction.
Ces stratégies sont inefficaces car elles conduisent à prolonger le processus de dissolution en raison d'une rumination accrue, attribuant des défauts à soi-même lorsque les réponses ne peuvent être obtenues auprès de leurs partenaires, et diminuant l'estime de soi globale.
Pour atténuer les effets de l'absence d'informations et de ses conséquences, LeFebvre et Fan (2020) ont identifié que la stratégie la plus efficace était celle « axée sur l'avenir », qui implique l'acceptation de la situation et la volonté d'aller de l'avant et d'entamer de nouvelles relations.
Pour pouvoir aller de l’avant, les personnes victimes de ghosting peuvent rationnaliser la relation. En effet, selon le processus de réciprocité des interactions entre les personnes (Cialdini, 1993 ; Falk & Fischbacher, 2006), la dévalorisation de la relation passée pourrait être perçue comme une réponse raisonnable à la disparition des personnes ayant rompu, le moyen le plus viable pour les personnes ghostées de rétablir l’équilibre face à l'ostracisme subi. Cette dévalorisation pourrait s’apparenter à une stratégie d'adaptation spécifique, à savoir la réévaluation cognitive de la relation passée. La littérature sur la réévaluation cognitive montre que le recadrage de l'événement aide les individus à réinterpréter leurs réactions émotionnelles, réduisant ainsi leur détresse (Gross, 1998 ; Troy et al., 2010). Par conséquent, en rationalisant la relation passée, les victimes de ghosting pourraient avoir accru leur gestion émotionnelle, surmontant ainsi les conséquences négatives de la rupture.
Les personnes victimes de ghosting peuvent également rationnaliser l’expérience vécue en affirmant que cette expérience n'avait rien à voir avec elles, mais qu'elle faisait plutôt partie de l'expérience des rencontres mobiles ou de la vie amoureuse en général, avec des pensées du type « Ce n’est « qu'un » rejet. Cela peut aussi arriver dans la vie réelle » ou « La vie continue ».
Une fois la rationalisation de l’événement faite, la personne ghostée pourra adopter des comportements en accord avec ces croyances rationnelles :
- La distraction : pratiquer de l’exercice physique, écouter de la musique, essayer de nouveaux loisirs ;
- L'attention positive envers soi : s'encourager soi-même, se consoler, adopter de nouvelles routines, chercher du réconfort auprès des amis ;
- Les comportements prosociaux : nouer une nouvelle relation, rechercher d'autres moyens de communication avec les autres, créer ou rétablir d'autres relations personnelles, passer du temps avec d'autres personnes.
Ces stratégies se concentrent sur l'avenir et optent pour aller de l'avant par l’acceptation de la perte de la relation. Les personnes victimes de ghosting vont alors essayer de retrouver leur équilibre, ce qui va leur offrir une occasion de réfléchir et de recentrer leurs priorités.
Conclusion
Le ghosting, phénomène contemporain aussi banalisé qu’il est déstabilisant, révèle les tensions profondes qui traversent nos liens sociaux à l’ère du numérique. Cette disparition silencieuse est bien plus qu’une simple absence de réponse : le ghosting incarne une forme moderne d’exclusion sociale sous la forme de l’ostracisme. Entre incertitude et menace des besoins fondamentaux d’appartenance, d’estime de soi et de contrôle, il laisse les victimes de ghosting dans un état de questionnement et de vulnérabilité.
Pour les ghosteurs, les motivations sont souvent liées à la peur du conflit, à la protection de soi ou à la banalisation des relations numériques. Pourtant, derrière ce silence se cache une réalité plus complexe entre peur de blesser et manque de responsabilité assumée.
Face à ce phénomène, la compassion et la communication bienveillante restent les meilleures réponses. Choisir d’expliquer, même brièvement, c’est reconnaître l’humanité de l’autre et préserver sa dignité. Dans un monde où les interactions se multiplient mais où les liens se fragilisent, le ghosting nous rappelle une évidence : la qualité d’une relation se juge aussi à la manière dont elle s’achève. Cultiver la compassion pour mieux vivre ensemble pourrait bien être l’un des défis majeurs de notre époque.
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